Cela fait quelque temps que je souhaite écrire
mon expérience dans la communauté AoH, Art of Hosting de Montréal. Pour l’instant, cette dernière est en train de se
transformer en AoC, Art of Communing,
l’art de mettre nos actions en commun comme résultante des conversations qui
ont déjà eu lieu et que pour ma part, je vois comme un dialogue naissant.
Dialogue dans le sens proposé par David Bohm, du grec dialogos, logos signifiant mot et dia à travers. Art of
Communing pourrait alors être un moyen de se laisser traverser par le verbe
pour créer quelque chose de nouveau ensemble. Et ce, pour explorer une
transition d’un monde qui se meurt vers un autre qui voudrait naître. En
ouvrant le blogue Les Ateliers Mouvement
Mandala, je souhaitais partager mes expériences des groupes et communautés
de pratique dans lesquels je suis impliquée. Actuellement, je sens que ce que
je partage s’éloigne un peu de que ce que j’ai écrit précédemment.
Cela est dû au fait, que cette expérience me force à écrire à partir d’un lieu
à l’intérieur de moi qui est plus profond. Principalement, ce qui diffère,
c’est que je m’ouvre à me laisser transformer par « ce qui se vit maintenant » et
tente de laisser naître quelque chose de nouveau en moi au travers de cette expérimentation
collective.
Alors, je reviens à ma pratique d’écriture et
me donne une possibilité de symboliser « ce qui se ressent » maintenant au
travers d’un « partager » expressif. Je commence donc, par me poser une
question : de toutes les potentialités expressives qui se présentent à
moi, laquelle souhaite prendre forme maintenant ? Ainsi, je souhaite me mettre
en disposition pour laisser émerger ce qui doit. Ce qui implique que pour
laisser émerger quelque chose, il doit d’abord y avoir une disponibilité. Pour
moi, cette disponibilité ne peut émerger qu’au travers d’un espace libre de
pensée et dans ce sens, il est utile que j’aborde un lieu mental où je me tais.
C’est ainsi que les quelques lignes ci-dessus ont commencé à donner forme à
quelque chose. Ici un texte qui est lui-même la résultante d’une pensée, qui elle-même
a pris naissance au travers d’une respiration. Un cycle entre une inspiration
et une expiration. Une pensée qui se synchronise à un rythme naturel. Parfois,
il y a des pauses entre cette expiration ou inspiration et l’inverse entre
l’inspiration et l’expiration. Et c’est justement dans cette pause que je tente
une réponse à cette première question. Et pourtant, je souhaite garder cette
réponse en potentialité, car ce qui importe c’est de se laisser vivre par la
question qu’on pose.
Ainsi, je pose une deuxième question à laisser
résonner: Qu’est-ce dont que ces « communs » ou ce « commun » que nous souhaitons
explorer par notre mise en commun? Et là encore, la question semble plus
importante que la réponse. Entre autres, parce qu’il est difficile et peu
souhaitable de définir quelque chose chargée d’autant de potentialités. En fait,
à certains moments, il semble juste de résister à cerner une forme naissante, toutefois
une forme est une limite et lorsqu’elle est délimitée, elle peut bloquer son
développement à trouver sa pleine forme naturelle. Par contre, on est certain
qu’il existe un mouvement mondial d’individus qui explorent « ces communs » avec
l’intention plus ou moins formulée d’explorer de nouvelles voies d’être
ensemble. Ces dernières pouvant nous permettre de potentialiser les différentes
crises que nous connaissons actuellement pour les transformer. Potentialiser
serait une mise en disponibilité qui autoriserait une formation naturelle de
notre réalité humaine au-delà de ce qui existe maintenant. Il va sans dire que
le défi est de taille. Pourtant, avec l’événement AoC nous avons décidé
d’ouvrir un espace afin d’explorer ce domaine naissant des « communs ».
Concrètement, il s’agit d’arpenter ce que nous connaissons des communs, la posture de « communeur » et les contributions
que nous pouvons faire aux communs déjà existants. Ainsi, une première
potentialité à définir les « communs » pourrait se nommer comme suit : les « communs »
seraient une exploration d’un ou plusieurs modes de gouvernance par une
communauté pour s’abreuver ou se nourrir d’une ressource, que celle-ci soit
naturelle, virtuelle ou autre. Fin de la deuxième respiration de l’écriture de
ce texte.
Pause. De nouveau, un cycle de respiration.
Ici, je voudrais préciser mon implication dans cette exploration collective des
communs. En fait, elle s’inscrit naturellement dans la continuité de la maîtrise
en communication que je viens de finir à l’UQÀM. Le mémoire déposé tente, entre
autres de mieux comprendre les potentialités de « mise en commun » par la
communication. En particulier en expérimentant le dialogue selon la formulation
de David Bohm, qui propose d’examiner les effets de nos modes de pensée
lorsqu’on tente de les mettre en commun. Bien que cela puisse paraître
abstrait, il s’agit en fait de percevoir et partager des dimensions subtiles de
notre expérience humaine. D’un autre côté, dans une perspective de
renouvellement des sciences sociales tel que le propose Otto Scharmer, cette
mise en commun des perceptions ouvrirait la voie à une action collective et conséquemment
à la création de quelque chose de nouveau ensemble. Ce quelque chose pourrait bien
être un « commun ». Bien que j’arrive ici à la fin d’une expiration, je ne
préciserais pas plus mon intention à m’impliquer dans l’organisation de cet
événement, mais j’y participe avec toutes mes potentialités.
Au plaisir de vous rencontrer dans d’autres cycles de respirations expressives.